
C’est une discussion que j’ai souvent avec mes amis, hommes ou femmes. La question divise, elle suscite souvent des débats houleux, car elle est apparemment très polarisante. Chacun s’arc-boute sur sa position.
C’est compréhensible : nous avons tous des parents et, biologiquement, souvent un père qui peut être présent ou absent dans la vie de son enfant. Se questionner sur le type de père que l’on a eu peut être une épreuve, surtout pour les enfants que nous étions, même devenus adultes.
Pour tout enfant, la figure parentale peut être idéalisée, glorifiée, voire idolâtrée. Sachant cela, il peut être difficile, même à l’âge adulte, de porter un jugement objectif sur ses parents. Ici, je vais me concentrer uniquement sur la figure du père dans une relation hétérosexuelle, car c’est le contexte que je maîtrise le mieux. Cela ne signifie pas que les mères sont parfaites, je vous invite à garder cela en tête.
Dans la société patriarcale ouest-africaine, la figure paternelle est souvent jugée « parfaite » si, et seulement si, le père est capable de subvenir financièrement aux besoins de sa famille (nucléaire, mais aussi élargie). L’homme, en tant que chef de famille, n’est considéré comme tel que s’il peut assurer cette charge financière. Dans ce cadre, lorsqu’un homme n’assume pas ce rôle, il est souvent vu comme un échec.
Ainsi, on qualifiera de « bon mari » celui qui, grâce à sa force financière, offre à sa famille un certain standing de vie : inscrire ses enfants dans une école privée, offrir des vacances luxueuses à sa femme, construire une maison de prestige au village ou encore verser une pension mensuelle à ses beaux-parents. Cela suffit à la société. Mais si cet écosystème s’en contente, ce n’est pas toujours le cas pour ceux qui vivent avec cet homme au quotidien : sa femme et ses enfants.
Car le « bon mari » pour la société peut en réalité être la cause de la souffrance de son épouse. Si une femme est méprisée, bafouée, trompée et humiliée chaque jour par l’homme qu’elle a choisi, et qui l’a choisie, peut-on vraiment dire que cet homme est un bon mari ? Même avec la richesse de Jeff Bezos, est-ce seulement possible ?
Et si nous concluons qu’il est un mauvais mari, peut-il malgré tout être un bon père ?
Certains diront oui, en affirmant : « Mon papa a toujours été là pour moi ». C’est possible. Mais il faut rappeler que, dans beaucoup de foyers en Afrique de l’Ouest, l’éducation des enfants est encore perçue comme une mission quasi exclusive de la mère. Or, une mère meurtrie dans son âme peut-elle éduquer convenablement ses enfants, sans leur transmettre ce malaise permanent ?
Peut-être que oui, mais cela reste une triste minorité.
Un homme qui fait souffrir constamment sa femme et, par ricochet, sa famille ne peut pas être un excellent père. Tout au plus, un père correct. Le temps, l’énergie et les ressources qu’il consacre ailleurs, en contradiction avec les engagements pris devant le maire, la famille ou Dieu, finissent inévitablement par nuire à sa famille nucléaire, qu’il a pourtant choisi.
On ne choisit ni ses parents ni ses enfants, mais, pour la plupart d’entre nous, on choisit son partenaire. Et si cela ne fonctionne pas ? Après avoir essayé, prié, médité, dialogué des heures, des semaines, voire des années, il faut savoir reconnaître l’évidence. Si toutes les portes ont été frappées en vain, il est peut-être temps de se séparer.
On entend souvent : « Je suis resté(e) pour les enfants ». Mais les enfants ressentent vos difficultés. Si vous n’êtes pas des époux compatibles, vous pouvez malgré tout, selon moi, être de bons co-parents.
Qu’en pensez-vous ? Un mauvais mari peut-il être un bon père ?
Je vous attends en commentaire.
Bien à vous,
MalyneViMuse
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