Pour être honnête, j’ai en tête cet article depuis la mort du pape François. Mais la vie et le temps faisant, il a mis plus de temps à voir le jour que je ne l’aurais anticipé.

Il est désormais de notoriété publique que le pape François est décédé un lundi de Pâques, peu après avoir rencontré le vice-président américain J.D. Vance. Certaines mauvaises langues diront que cette rencontre aurait précipité son décès… mais passons.

À la suite du traditionnel conclave, le 267ᵉ pape de l’Église catholique a été élu. Né Robert Francis Prevost, ce Franco-Américain est désormais connu sous le nom de Léon XIV. Soit dit en passant, le film Conclave, porté par l’incroyable Ralph Fiennes et le talentueux Stanley Tucci, mérite vraiment d’être vu.

Revenons à nos moutons. L’élection de Léon XIV n’a pris que deux minuscules jours, ce qui me paraît court pour une tâche aussi lourde. Certes, le Vatican est un petit État, mais le pape est à la tête d’une foi partagée par plus d’1,4 milliard de personnes dans le monde. Son pouvoir est hautement symbolique, mais aussi diplomatiquement stratégique, notamment dans les pays où la religion catholique occupe une place centrale.

Cette nouvelle élection m’a rappelé mon attachement aux règles et au sentiment de structure que, selon moi, la foi catholique incarne. Ayant grandi dans cette religion, j’ai toujours trouvé curieux – voire troublant – que dans d’autres confessions chrétiennes, n’importe qui puisse s’improviser pasteur et fonder son église. Je ne remets pas en question la foi d’autrui, et j’admets volontiers que l’Église catholique est loin d’être parfaite. Les nombreux scandales d’abus sexuels sur des enfants et des femmes suffisent à le rappeler.

Même si j’ai été élevée dans la foi chrétienne, j’ai fini par m’en éloigner — pas uniquement à cause des scandales, même s’ils ont joué leur rôle.

Je suis avant tout une femme noire d’Afrique de l’Ouest, façonnée par un héritage profondément marqué par le néocolonialisme. Qu’on le veuille ou non, les principales religions monothéistes aujourd’hui pratiquées en Afrique de l’Ouest — christianisme et islam — nous ont été imposées par les colons. C’est une vérité taboue, mais essentielle à reconnaître. Et, s’il vous plaît, ne me parlez pas de l’ancienne chrétienté éthiopienne, qui n’a rien à voir avec l’endoctrinement catholique que les Européens ont imposé à nos terres.

Je me souviens d’un proverbe souvent entendu durant mon enfance — malheureusement, je n’en connais pas l’auteur exact — qui disait :
« Quand les colons sont arrivés, ils avaient la Bible et nous la terre. Quand ils sont repartis, ils avaient la terre et nous, la Bible. »
Cette phrase me hante. Car pendant que les peuples du Sud deviennent de plus en plus croyants — de l’Afrique à l’Amérique du Sud —, ceux qui nous ont introduit ces religions s’en détournent progressivement.

Pourtant, qu’on se rassure : je crois en Dieu. C’est même un mot faible — je sais que Dieu existe. Et à défaut de prier autrement, je prie encore comme une catholique. J’ouvre ma Bible. Je crois que Dieu m’entend. Mais je ne crois pas qu’un musulman, priant différemment, soit égaré pour autant. La foi, pour moi, est précieuse, mais personnelle. Elle ne devrait jamais être imposée, surtout à ceux qui ne cherchent qu’à vivre en paix.

La foi ne devrait pas être une source de conflits, tant qu’elle est librement choisie et ne cause de tort ni physique, ni psychique, ni émotionnel. Oui, toutes les religions monothéistes sont patriarcales. Le Dieu des ÉcrituresBible, Coran, Torah — est masculin. Mais cela ne m’autorise pas à mépriser ceux qui ne partagent pas ma croyance.

Ce respect, hélas, n’est pas universel. Je l’observe particulièrement chez les Noirs subsahariens, et même dans la diaspora noire en général. En Afrique de l’Ouest, la plupart des gens sont chrétiens ou musulmans. Et pourtant, nombre d’entre eux diabolisent les croyances ancestrales de leurs propres aïeux, au nom d’une foi importée par leurs anciens colonisateurs.

Il est crucial de rappeler que la traite négrière n’a pas été uniquement orchestrée par les Européens. Les Arabes ont eux aussi réduit nos ancêtres en esclavage. Si l’islam fut imposé par la force, le christianisme s’est infiltré sous des dehors plus doux, par les missionnaires.

Encore une fois :
« Quand les Blancs sont arrivés, ils avaient la Bible, et nous la terre. Quand ils sont repartis, ils avaient la terre, et nous, la Bible. »
Cette vérité devrait nous interpeller tous, car encore aujourd’hui, des millions de croyants noirs méprisent leurs racines spirituelles, tout en mangeant le « corps du Christ » chaque dimanche.

Notre aliénation est profonde : nous vénérons le Dieu des autres ; nous célébrons les traits physiques du « maître » ; nous glorifions la langue de l’autre, alors que nos enfants rient de nos langues maternelles. Je n’échappe pas à ce constat. Je suis, moi aussi, en processus de déconstruction.

Alors oui, je doute, je réfléchis, je me remets en question. Je crois en Dieu. Mais pas forcément en le Dieu tel que décrit dans les textes religieux. Du moins, pas entièrement. Je n’ai pas encore lu le Coran ou la Torah, mais j’en ai une idée. Sachant que, l’Ancien Testament est reconnu par les trois grandes religions monothéistes.

Pour moi, Dieu est bon. Mais pas uniquement. Il entend, mais ne répond pas à tout. Il existe, mais nous laisse notre libre arbitre, pour le meilleur et pour le pire. Quand un enfant meurt d’un cancer à 3 ans, ou qu’une femme est violée au Congo, est-ce la volonté de Dieu ? Je ne le crois pas. Il y a des tragédies humaines qui relèvent de la cruauté des hommes, pas du divin.

Pourquoi Dieu n’intervient-il pas dans les maladies fulgurantes ou les tragédies absurdes ? Je ne sais pas. Mais je sais que souffrir ne signifie pas avoir été choisi par Dieu pour souffrir. C’est simplement la vie.

C’est peut-être là où certains chrétiens ont du mal : accepter que la souffrance peut être injuste, sans explication divine. La terre n’est pas le paradis. Elle est à la fois merveille et malheur. Et si Dieu existe — j’en suis convaincue — je doute qu’il soit simplement un être infiniment bon. Les misères du monde me l’interdisent.

Mais malgré cela, chaque matin est un miracle. Et si l’on a la chance de se réveiller, cette vie qu’on écrit au stylo, pas au crayon, mérite d’être vécue pleinement.

Vivez chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Il y aura des jours sombres, où vous ne voudrez peut-être plus vivre. Reconnaissez-le. Parlez-en. Cherchez du soutien. Et surtout : ne vivez pas pour les autres, car notre passage ici-bas est trop court

Bien à vous, MalyneViMuse ..

Une réponse

  1. je prie que Dieu t éclaire et que tu trouves le vrai chemin 🙏🏽

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