Le silence tue toujours

Les souffrances insidieuses, les troubles enfouis, les traumatismes oubliés finissent un jour par nous achever.
Je regardais récemment le documentaire de Netflix sur le féminicide de Marie Trintignant, tuée par le tristement célèbre Bernard Cantat. Ce qui m’a le plus choquée, ce n’est pas seulement le meurtre, mais la manière dont cet homme a été protégé. Par son ex/compagne Krisztina Rády, par ses collègues musiciens, et par tant d’autres encore, tous unis pour alléger sa peine de prison.

Ce reportage, De rockeur à tueur : le cas Cantat, m’a laissée bouleversée. Mais c’est surtout la dernière phrase, celle sur laquelle les producteurs nous quittent, qui m’a marquée profondément :

« Le silence tue toujours. »

Combien de femmes sont déjà mortes à cause de ce silence empoisonné ?
Serai-je la prochaine ?
Ou pire encore : serait-ce quelqu’un que j’aime ?

Ma sœur me dit souvent que je suis une « taiseuse« . Pas au sens littéral, car oui, je parle, même beaucoup.
Mais de quoi est-ce que je parle, au fond ?

Elle m’appelle « taiseuse« , non pas parce que je ne parle pas, mais parce que je tais mes blessures les plus profondes.
Il y a des épisodes de ma vie que je m’interdis de revivre, même mentalement. Trop douloureux. Alors en parler ? Inimaginable.

Je tais mes blessures, mes traumatismes, et bien souvent, mes sentiments.
Je tais tout. J’enfouis. Mais mon corps, lui, réagit malgré moi.

C’est un mécanisme de défense, un de ceux que tant de femmes, comme moi, utilisent (souvent à leurs dépens).
Nous nous taisons par peur : peur de ne pas être crues, peur de déranger, peur de ne plus plaire.

Alors on maquille nos plaies, on redresse le menton, et on continue à vivre.
Ou plutôt : à vivoter.

Moi, comme beaucoup, je pense être relativement stable mentalement, malgré mes failles visibles et invisibles. Mais d’autres n’ont pas cette chance.
Certaines tombent sur des partenairessouvent des hommes — qui les brisent.

Tout commence insidieusement : une remarque humiliante, une gifle, suivie de larmes, d’excuses, de promesses.
Et puis, le cycle s’enclenche.
La femme taiseuse devient la victime silencieuse.

On commence par mentir pour protéger l’autre.
Puis on continue à mentir pour se protéger soi-même.

Les traumatismes s’accumulent, le vide intérieur grandit.
Et l’on continue de se taire
Jusqu’à ce que, un jour, on meure de ce silence.

Parfois physiquement.
Souvent mentalement.

Ce documentaire m’a fait peur.
Peur, car bien que je sois informée des mécanismes de la violence qui mènent au féminicide, c’est la première fois que le silence de ces femmes m’a confrontée à un miroir inquiétant : moi-même.

J’ai toujours cru savoir ce que je ferais.
Je connais les signes, les red flags, les dynamiques.
Mais ce soir, j’ai compris que savoir lire les autres ne suffit pas.
Il faut aussi savoir se lire soi-même.

S’examiner. Se confronter.
Refuser de rester dans une posture de survie muette.

Les femmes doivent parler. Non seulement entre elles. Mais aussi avec elles-mêmes.

Faire face à soi est sans doute l’acte le plus douloureux que l’on puisse poser, surtout quand nos démons sont bien cachés.
C’est pour cela que les thérapeutes existent.
Mais aucun thérapeute ne peut aider une personne qui se ment à elle-même.

J’essaie de travailler sur moi. Je pense que nous évoluons en permanence, dans le bon sens, du moins je l’espère.
Mais parfois, la vie nous donne un coup de fouet.
Et ce soir, ce énième documentaire sur le féminicide m’en a infligé un.

Et vous ? Quel événement apparemment banal vous a, un jour, violemment remis en question ?

Je vous attends en commentaires…

En attendant,
Bien à vous,
MalyneViMuse.

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