Aujourd’hui, 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. Bien souvent, on oublie qu’il ne s’agit pas simplement de célébrer les femmes en tant que genre, mais surtout de commémorer les droits durement acquis et constamment menacés et de lutter pour en acquérir de nouveaux.
Ces droits, obtenus grâce au combat acharné des femmes qui nous ont précédées, je croyais qu’ils étaient gravés à jamais dans le marbre. Pourtant, nul besoin de le rappeler, dans l’état actuel du monde, le conservatisme connaît une montée fulgurante, accompagnée d’une augmentation tout aussi vertigineuse des violences inouïes envers les femmes.
Cette journée a été officialisée en 1977 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Depuis, chaque 8 mars, on célèbre les femmes à travers le monde. Dans mon pays d’origine, en Afrique de l’Ouest, on offre des pagnes, des cadeaux, des chocolats et autres. Cette récupération, n’est pas unique à l’Afrique de l’Ouest ; c’est un phénomène mondial. Une récupération marketing qui a le don de m’exaspérer.
Cette journée de lutte pour les droits des femmes est réduite à une célébration éphémère et lucrative. Au lieu de célébrer les droits acquis et de militer pour en obtenir davantage, on nous assomme avec des cadeaux qui, dans l’absolu, sont bien futiles lorsque, tous les autres jours, nous sommes maltraitées. Dans un système patriarcal, il serait plus pertinent de profiter de cette journée pour mettre en lumière les combats qu’il reste à mener. Une femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes, une femme sur trois a subi des violences (sexuelles ou physiques) au cours de sa vie, et nos droits fondamentaux, comme celui à l’avortement, sont en perpétuel recul (bonjour les États-Unis !) – et ce n’est qu’un aperçu.
Alors oui, vous avez le droit, le 8 mars, de « remercier » les femmes qui vous entourent et de célébrer leurs vies et leurs parcours. C’est normal, et même apprécié, compte tenu du travail physique et émotionnel auquel elles font face constamment. Mais il serait plus judicieux de faire preuve d’un soutien quotidien. Allégez la charge mentale des femmes qui vous tiennent à cœur, respectez-les, faites preuve de bienveillance envers elles. Non pas parce que vous êtes attirés par elles ou que vous avez un lien de parenté, mais parce que chaque être humain mérite respect et bienveillance.
Toutefois, le constat est flagrant : les droits que je croyais acquis – et pour lesquels je n’aurais jamais pensé devoir me battre, non seulement pour les faire avancer, mais aussi pour les préserver – sont constamment attaqués. Les femmes sont trop souvent attaquées sans recours. Rien que cette semaine, la sénatrice nigériane Natasha Akpoti-Uduaghan a été exclue du Sénat après avoir révélé qu’elle subissait du harcèlement de la part du président du Sénat, Godswill Akpabio. Oui, vous avez bien lu : une victime ose se défendre, mais au lieu d’ouvrir une enquête, elle est automatiquement stigmatisée, son témoignage est suspecté d’être mensonger, et au lieu de recevoir du soutien pour son courage, elle est punie pour ne pas avoir gardé le silence.
Des témoignages de ce genre sont légion et m’horripilent. Alors oui, ce ne sont pas TOUS les hommes, mais ce sont toujours des hommes. Oui, des hommes subissent aussi des violences, mais ces violences sont majoritairement commises par d’autres hommes. Proportionnellement, ce n’est pas comparable. Les violences que les femmes subissent, simplement parce qu’elles sont des femmes, sont d’une constance inouïe, et le combat est permanent.
Ainsi, le 8 mars marque la continuation de ce combat. Cette journée nous rappelle des victimes comme Gisèle Pélicot, victime de viols sous soumission chimique par 51 hommes différents, avec la complicité de son mari, Dominique Pélicot. Ou encore les femmes afghanes, interdites de se parler entre elles. Il y a tant d’exemples de violences – physiques, sexuelles, émotionnelles et verbales – quotidiennes. Des exemples qui me donnent la rage au cœur et me font me demander s’il est encore possible d’enfanter dans un monde pareil.
Je rêvais d’offrir un monde meilleur à mes futurs enfants, mais j’avoue que cette croyance s’effrite de plus en plus. Pour cette journée, et pour l’avenir, je vous invite non seulement à célébrer les femmes de vos vies, mais aussi à œuvrer pour que leur existence, et celle de toutes les autres, s’améliore au quotidien. Pas seulement en leur offrant un cadeau comme consolation pour ce qu’elles endurent chaque jour sans aide ni soutien.
Je vous laisse sur ces bons mots et vous dis à la prochaine.
Bien à vous, MalyneViMuse .
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