Hello tout le monde, ça fait quelques temps qu’on ne s’est pas vus, ou plutôt que vous ne m’avez pas lu. Le début d’année a été mouvementé. Je pense que c’est le cas pour beaucoup de créatifs ou pas, qui ont été plongés dans un monde assez obscur, avec des nouvelles de plus en plus absurdes chaque jour. Pour donner un simple exemple : l’idée absurde de Trump de faire de mon beau pays, le Canada, le 51ème État des États-Unis d’Amérique. Cette masse d’informations continue est, selon moi, une stratégie bien rodée pour nous submerger d’informations afin de nous détourner des sujets les plus importants. Mais cela est un sujet pour un autre jour..

Nous sommes en février 2025, l’euphorie des fêtes est passée, et je pense que c’est le moment idéal pour évoquer ce sujet qui me tient à cœur. Dans l’histoire du monde, je pense que nous sommes dans l’ère où nous consommons le plus, dépensons le plus d’argent sans posséder la moindre chose. Dans l’ère du streaming, nous payons un abonnement mensuel ou annuel pour avoir accès à des plateformes de diffusion en continu qui peuvent décider d’un jour à l’autre d’éliminer, modifier ou ajouter du contenu selon leurs envies ou les régulations des pays où elles sont implantées.

La promesse de Netflix lorsqu’elle a émergé en tant que service de streaming était de délivrer une vaste bibliothèque de films et de séries télévisées à ses clients à un coût inférieur à celui du service de câble traditionnel. Bien sûr, le modèle s’étant montré payant, de nombreux concurrents se sont lancés sur le chemin et ont emboîté le pas de Netflix, tels qu’Amazon Prime et Disney+, pour ne citer qu’eux. Les clients ont alors constaté qu’au lieu de baisser les prix, cette concurrence a eu l’effet inverse, et nous sommes soumis à des augmentations quasi annuelles de ces différentes plateformes, sous prétexte que le contenu est de plus en plus coûteux à obtenir ou à réaliser.

Si nous avons 2 ou 3 plateformes, nous nous retrouvons à payer des frais similaires aux médias télévisuels câblés traditionnels, avec un supplément d’incertitude sur la longévité de l’accès aux contenus pour lesquels nous payons. En effet, très souvent, Netflix, par exemple, vous rappellera qu’un ou plusieurs de ses contenus disparaîtront de sa plateforme bientôt. Et si c’est l’un de vos films favoris, vous n’aurez plus accès à ce contenu. Au final, vous continuerez à payer pour des services qui peuvent changer d’un jour à l’autre.

Et c’est la même chose pour la musique. Rares sont les personnes qui, comme moi, achètent de la musique physique ou même numériquement. L’époque des files d’attente pour acheter l’album de Beyoncé est révolue. Nous sommes progressivement passés du baladeur CD à l’iPod, qui a été spécifiquement créé pour écouter de la musique numériquement, pour finalement avoir une sorte de tout-en-un avec nos téléphones intelligents.

Sur nos téléphones, nous avons accès, grâce aux services de streaming musical, dont le plus populaire est Spotify, à une large variété de musiques pour une somme moyenne de 12,69 $ pour un abonnement premium mensuel. La plupart des autres services de diffusion de musique, tels que Tidal, Apple Music, et YouTube Music, se trouvent dans la même gamme de prix. Soyons honnêtes, ces services sont pratiques, très pratiques d’ailleurs. Ils nous ont habitués à une très grande facilité, et c’est très facile pour les utilisateurs.

Cependant, cette facilité vient avec des coûts à long terme qui sont élevés. Premièrement, la rémunération des artistes en elle-même est souvent problématique. Les artistes sont les premiers à s’en plaindre et préféraient de loin que leurs fans achètent leur musique directement. C’est d’ailleurs ce que j’ai recommencé à faire pour mes artistes favoris. Participer à leur art en achetant leurs contenus est la meilleure façon de leur apporter mon soutien.

Aussi, le problème fondamental que j’ai avec ce monde complètement digitalisé est la facilité avec laquelle on peut balayer d’un coup de clavier des faits réels ou du contenu jugé dorénavant inapproprié aux mœurs de l’époque. Le révisionnisme actif pourrait être effectué selon le bon vouloir de certains sachants. Prenons par exemple le cas de Spotify, qui a un moment entretenu l’idée de supprimer le catalogue musical de R. Kelly suite aux diverses plaintes contre lui. Ou encore, lorsque Apple Music, partenaire du Super Bowl, décide de changer la réalité ; l’exemple frappant serait la suppression de la prestation ratée d’Alicia Keys lors du Super Bowl de Usher en 2024. La voix de celle-ci avait visiblement craqué en direct devant des millions de téléspectateurs. Cette version live n’a pas été celle que l’histoire retiendra, du moins pas officiellement, car la vidéo postée par Apple Music efface ce fait bien réel.

Ma crainte est que ces faits révisionnistes soient de plus en plus implantés et que la réalité finisse par être altérée perpétuellement. On peut ne pas aimer un artiste et même le condamner pour ses crimes, mais effacer l’histoire est selon moi une mauvaise idée, car cela finira inéluctablement par vous affecter, vous et les artistes que vous aimez. Il était plus facile pour quelqu’un de ma génération d’être fier de la suppression du catalogue de R. Kelly, mais serais-je du même avis quand on demandera d’accepter la suppression de l’art de mes artistes préférés, tels que Koffi Olomidé ?

Ne vous détrompez pas, je suis pour que ces personnes paient pour leurs supposés crimes, aussi bien financièrement que par l’accomplissement de peines de prison appropriées. Je ne mets aucune de ces personnes au-dessus de la loi, et je suis bien consciente que l’industrie du divertissement est remplie de vices. Il n’y a aucun de ces artistes, qu’ils soient féminins ou masculins, en qui j’ai une foi absolue. Ils sont humains, et comme tout humain, leurs milieux encouragent plus que d’autres certains comportements déviants. Mais pour moi, qui suis une personne noire avec des influences tournées en premier lieu vers la culture noire, je vais continuer et vous encourage aussi à supporter les artistes que vous aimez. Et si l’écoute d’un album de Chris Brown vous est impossible, je le comprends et le respecte, tant que cette impulsion de ne pas le faire vient de vous-même et non d’une soi-disant pression extérieure.

Quoique vous désaimiez certains artistes, vous en aimez sûrement d’autres. Pour ceux que vous aimez, mon conseil est d’acheter leurs produits physiques. Que ce soit pour votre chanteuse préférée, votre film favori ou l’écrivain de votre cœur, acheter le contenu physique est la façon la plus efficace de démontrer votre soutien pour leur art, mais aussi de garantir votre accès perpétuel à cet art que vous appréciez tant.

Sur ces bons mots, passez un excellent début de semaine.

Bien à vous, MalyneViMuse…

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