
Alors, j’espère que vous allez bien. Je sais, je suis en retard sur mon horaire habituel. La semaine fut tumultueuse. Aujourd’hui, je vais aborder le sujet du mariage. J’aurai la grâce, en 2025, d’entrer dans ma 3ᵉ décennie sur cette terre des Hommes.
Je suis une femme africaine, vivant au Canada depuis plus de 10 ans maintenant. Mais ici comme là-bas, les bases de la société restent similaires, et se marier demeure une norme sociale, peu importe la classe sociale à laquelle on appartient. Les femmes sont toujours vilipendées, harcelées pour être en couple, avant une certaine « date limite ». Oui, date limite, comme si nous étions un produit consommable dans un laps de temps bien précis. Et que, sans cet acte qu’est le mariage, nos vies d’êtres humains ne sauraient avoir de sens.
J’ai des connaissances masculines qui me posent souvent cette question rédhibitoire : « Alors, et ton gars/mari/fiancé ? C’est pour quand les enfants ? » Je ne sais pas comment exprimer à quel point ces questions me fatiguent et me donnent la flemme.
Née à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest et grand exportateur de café-cacao, Babi la joie, Babi la belle est ma terre natale. Comme dans bien d’autres pays, les rôles sociaux y sont encore largement définis par le genre. Pour les femmes, une vie réussie, c’est trouver un mari, faire des enfants, s’occuper de la maison. Il faut être intelligente, mais pas trop, être le cou qui fait bouger la tête de l’homme, mais ne jamais le revendiquer. Un célèbre dicton ivoirien ne dit-il pas : derrière un grand homme se cache une grande femme ? Le but d’une vie est de se mettre en couple, bien entendu hétérosexuel, et de se conformer au diktat de ce monde hétéronormé.
Et quand je dis à ces personnes, que j’espère bienveillantes même si, parfois, j’en doute, que je, moi, Marilyne, ne considère pas le mariage ou les enfants comme le plus grand des accomplissements que je puisse obtenir, on me regarde toujours avec de grands yeux.
On me traite alors souvent de féministe extrême. Je ris souvent jaune et reste circonspecte face à ces mots qui, je le crois, sont pour eux des insultes envers moi. Déjà, il n’existe aucun monde où me traiter de féministe serait une insulte. Qui plus est, cela démontre que le débat est faussé dès le départ, car je ressens la critique implicite qui découle de ce mot. Car, apparemment, être féministe est supposément une insulte. J’essaie de plus en plus de me désengager de ce genre de discussions, car je comprends que la personne en face de moi est souvent de mauvaise foi. Et je ne ferais que perdre mon temps et ma précieuse énergie. Je suis fière d’être féministe, et si l’être signifie ne pas accepter la tromperie, ne pas supporter toute la charge mentale du couple, et bien d’autres choses, alors quelle grâce !
Les gens qui me connaissent vraiment savent à quel point je suis une amoureuse de l’amour. Et que mon féminisme n’est pas contre les hommes en tant que tels, mais contre les idéologies du patriarcat. Je me qualifie de Lover Girl, je crois en l’amour et aux relations saines dans leur diversité. Mais je crois aussi que le concept de se marier uniquement par amour est très nouveau et qu’il ne devrait pas être suivi à la lettre. Si l’amour est important, il y a bien d’autres choses à prendre en compte, telles que : le respect, les valeurs fondamentales, l’éducation, l’argent, la religion, la volonté de faire des efforts et de trouver des points d’entente, la communication, la fidélité, etc. Et bien d’autres critères qui varient selon les personnes et les couples.
Nous sommes 8 milliards de personnes éparpillées sur la terre, dans un monde de plus en plus isolé malgré notre nombre grandissant. Trouver notre parfaite moitié est une tâche titanesque, qui demande des efforts et pourrait ne pas arriver à tout le monde. Je crois que tout ce qui doit m’arriver, arrivera, à un certain degré. Et je pense que s’il est écrit que je me marierai, alors je me marierai avec la personne qu’il me faut. Mais je ne crois pas que je doive travestir ma personne pour être dans un soi-disant couple. Et si je ne trouve pas ma moitié, en dépit de ce que certains peuvent penser, ma vie sera réussie, car j’ai bien d’autres choses à offrir à la planète qu’un mariage.
Honnêtement, être en couple est une des choses les plus faciles à faire pour moi, et je pense pour la plupart des femmes, du moins celles que je connais. Cependant, il ne s’agit pas simplement d’être en couple ; je refuse d’accepter n’importe quoi et n’importe qui sous ce faux prétexte. Je ne suis pas misandre, quoique c’est souvent difficile(haha), mais je crois que le choix du mauvais partenaire peut potentiellement détruire la vie d’une femme.
Donc, non, je ne cherche pas à me marier à tout prix. D’ailleurs, je connais plus de gens malheureux dans leurs couples/mariages qu’autre chose. Je connais des gens supposément en couple, mais qui sont en réalité dans une profonde solitude. Alors que moi, malgré mon célibat, je ne suis pas esseulée. J’ai des gens pour m’écouter, femmes et hommes, qui constituent ma communauté. Une communauté de personnes aimantes, dévouées et bienveillantes, présentes pour moi dans les moments les plus difficiles de ma vie. J’ai l’impression que beaucoup de couples se marient pour la fête, pour la famille, sous les pressions sociétales et familiales, sans se rendre compte que le mariage est avant tout un contrat.
« Oui, je le veux », ce n’est pas seulement dire oui à l’amour qu’on vous propose. Mais aussi dire oui à toutes les conditions que l’autre individu vous offre. Et à ma grande surprise, les gens se marient sans étudier les obligations, devoirs et droits impliqués dans ledit contrat. Je ne suis pas contre le mariage, loin de là. Pour moi, le mariage est un prérequis pour bien des choses qui marquent la vie d’un couple, telles que vivre ensemble, faire des investissements communs ou encore avoir des enfants. Mais, comme tout contrat, il est selon moi important de lire toutes les lignes et d’être en accord, de part et d’autre, avec son contenu, ce que, je pense, peu de gens font de nos jours.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Au plaisir de vous lire en commentaires !
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