Entre la réélection de Donald Trump aux États-Unis et la tentative d’imposition de la loi martiale en Corée du Sud par le président Yoon Suk-Yeol, force est de constater que ces dernières années, l’histoire a une fâcheuse tendance à se répéter.

Je m’explique. En 2024, l’élection américaine a captivé le monde. Qu’on le veuille ou non, il est impossible de nier la puissance des États-Unis. Bien que la Chine soit un concurrent agressif, presque à égalité sur le plan économique, les décennies d’avance des Américains en matière de soft power et de puissance militaire rendent ce rattrapage long et complexe.

Le verdict des urnes est sans équivoque : Trump est de retour. Après avoir fait face à Kamala Harris, exempte de scandales judiciaires et jamais reconnue coupable d’un crime. Pourtant, dans une Amérique profondément divisée et racialement polarisée sur des questions fondamentales, il aurait été surprenant qu’une femme noire réussisse là où une femme blanche – Hillary Clinton – a échoué. Ce que la. candidate Harris a néanmoins accompli en un peu plus de 100 jours de campagne reste admirable.

Cette élection reflète toutefois une tendance préoccupante à l’échelle mondiale : une montée du « fascisme ». En retraçant l’histoire, il est difficile d’ignorer les similitudes entre la période qui a suivi la grippe espagnole et les événements que nous vivons aujourd’hui. Comme le COVID-19, cette pandémie du début du XXᵉ siècle a décimé des millions de personnes et plongé le monde dans un désarroi économique et social. Ce contexte a favorisé l’ascension de nombreux dictateurs, et certains historiens estiment que cette tragédie humanitaire a contribué à la montée des idéologies nazies.

J’ai grandi dans un monde où le pays de l’oncle Sam faisait rêver bon nombre d’entre nous. Ce monde où il représentait encore un idéal de progrès et de possibilités pour tous. Cette époque où une petite fille noire de 13 ans restait éveillée malgré le décalage horaire entre son pays d’Afrique de l’Ouest et les États-Unis, au soir d’une élection présidentielle américaine, afin d’assister à la victoire d’un homme noir à l’élection de la première puissance économique mondiale. Mais c’était le monde de mon enfance. La réalité est qu’aujourd’hui, les États-Unis ressemblent davantage à ce que les internautes appellent « un pays du tiers monde avec une ceinture Gucci ». À comprendre par cette métaphore que, bien que paraissant beau de l’extérieur, les États-Unis ne font rêver que les non-initiés, car les réalités sociales et économiques sont bien plus dures que ce que l’on imagine. Cela ne signifie pas que ce n’est plus le pays du possible, mais qu’il ne faut plus se laisser aveugler par le bling-bling apparent.

Entre la perte des droits durement acquis par et pour les femmes, tels que le droit de disposer de leur corps comme l’avortement, la montée d’un racisme décomplexé et celle d’idéologies misogynes incarnées par la red pill chez les hommes, en particulier les plus jeunes, force est de constater que les avancées féministes et progressistes (liberté de choix du partenaire, accès universel à la santé, taxation plus équitable des ultra-riches) suscitent de vives résistances.

Cette résistance au changement n’est pas propre au peuple américain. Dans de nombreux pays dits « riches », nous assistons à une montée des partis qualifiés de conservateurs. De l’Italie à la Grande-Bretagne, en passant par la France et l’Allemagne, tous ces pays ont fait ou continuent de faire face à une progression sans précédent des idéologies d’extrême droite. Cette montée se traduit par des résultats électoraux de plus en plus significatifs. Un vent de déjà-vu semble souffler sur le monde, comme le suggère mon titre. En effet, ces succès croissants de l’extrême droite rappellent des périodes peu glorieuses de l’histoire de l’humanité.

Ainsi, le président sud-coréen (issu du parti conservateur) a, cette semaine, tenté de mettre en place la loi martiale — un régime militaire temporaire. Selon lui, les membres du parti de l’opposition, qui, je le rappelle, détiennent la majorité parlementaire, menaçaient la sécurité nationale et collaboraient avec la Corée du Nord pour déstabiliser le pays. Cette mesure rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la Corée du Sud, qui a connu plusieurs dictatures, parmi lesquelles celle de Syngman Rhee, l’un des plus tristement célèbres. Cette déclaration inattendue a donc réveillé de mauvais souvenirs pour le peuple coréen. Sans attendre, les membres de l’opposition ont fait preuve d’un consensus unanime pour lever ce régime militaire quelques heures après son instauration. Le peuple coréen, uni comme un seul homme, s’est mobilisé pour faire barrage à cette atteinte à la démocratie. Bien que la loi martiale ait été levée, les Coréens continuent, à l’heure où je vous écris, de se mobiliser pour obtenir la destitution de Yoon Suk-yeol.

Ceci démontre l’importance d’institutions fortes et d’un peuple prêt à se battre pour sauver son pays des mains de régimes autoritaires. Je pourrais me tromper, mais peu de pays seraient capables de faire de même. Il n’y a qu’à voir la débâcle du 6 janvier aux États-Unis. Cependant, je suis convaincu que l’espoir est toujours permis et qu’à l’échelle individuelle ou communautaire, des actions peuvent et doivent être menées. C’est dans ce sens d’agir que les femmes en Corée du Sud ont lancé le mouvement des 4B (Pas de mariage, pas de relations amoureuses, pas de rapports sexuels, pas d’enfants). Ce mouvement est relativement nouveau et, je l’avoue, assez radical. Toutes les femmes du monde ne suivent pas ce même schéma, mais force est de constater que, dans la plupart des pays développés, la natalité est en berne.

Personnellement, je pense que la montée du conservatisme et la peur de perdre des droits durement acquis effraient de nombreuses minorités en particulier les femmes. Souvent, les répercussions de cette crainte se font sentir à l’échelle globale. La peur de vivre dans un monde dystopien, tel que celui décrit par Margaret Atwood dans La Servante écarlate, est particulièrement marquante pour beaucoup de femmes.

Je tiens à dire aux hommes qui me liront que nous devons travailler ensemble pour bâtir un avenir meilleur pour tous. Le changement est inexorable, et, quel que soit le temps que cela prendra, l’Histoire, qui fonctionne par cycles, montre que les marginalisés finissent toujours par obtenir des victoires. Un exemple flagrant est la Révolution française de 1789 ou les printemps arabes au début des années 2010. Si nous ne faisons pas preuve de solidarité, nous risquons de nous autodétruire.

Bonne lecture et bon début de semaine à tous !
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Bien à vous, MalyneVi !

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